Texte d'Antoine LEIRIS
CREATION 17 novembre 2021 à 18h30 / Théâtre des Variétés, Monaco
« Je pensais que si un jour la lune disparaissait, la mer se retirait pour qu’on ne la voit pas pleurer. Que les gens cesseraient de danser.
Que le soleil ne voudrait plus se lever. Il n’en est rien.
Le monde continue de tourner, les compteurs d’être relevés. » Antoine Leiris
Mise en scène Christian BORDELEAU
Avec Yohann CHOPIN
Création lumière Rémy VANAUDENHOVE
Montage photo Claire RAMIRO
Durée du spectacle : 1h30
Production et diffusion PASSAGE PRODUCTION
Le texte d’Antoine Leiris est publié aux Éditions Fayard et traduit dans de nombreuses langues.
En réaction, il y eut d’abord « Vous n'aurez pas ma haine », une lettre postée sur Facebook.
Son premier livre, du même titre, dépeint les premiers jours de la vie d'un père et d'un fils face à la tragédie. Traduit dans toutes les langues, il a fait le tour du monde.
"Ce récit, je l’ai commencé le lendemain de la lettre. Le soir même, peut-être.
Chaque fois que Melvil est à la crèche, je me mets à mon ordinateur pour y expulser tous ces mots qui habitent dans ma tête comme les voisins du dessus qui écoutent la musique trop fort, pour les faire taire, je tape sur mon clavier.
Je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il va prendre son goûter comme tous les jours. Et je vais jouer avec lui, comme tous les jours. Et toute sa vie, ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car, non, vous n’aurez pas sa haine non plus." Antoine Leiris
Chacun se souvient où il.elle se trouvait lors des attentats du 13 novembre 2015.
J’étais en Picardie, en tournée.
Lorsque j’ai rallumé mon téléphone, ce soir-là, tard dans la soirée, la terre entière m’a engueulé d’avoir mis plus de trois heures à répondre aux appels.
Je vis à 500 m du Bataclan depuis 25 ans.
Mon quartier ensanglanté, une deuxième fois… Paris meurtrie, à jamais.
Je ne voulais pas rentrer. Plus.
J’ai pris le dernier train d’Amiens pour rentrer, le dimanche soir.
Lorsque Yohann m’a proposé de le mettre en scène pour participer à un festival en Suède, je ne pouvais que dire OUI ! La pandémie a changé la donne et la Suède a été annulée. Mais, il fallait continuer. Trouver un autre lieu de création, faire vivre ce projet. Merci, Monaco de nous offrir cette opportunité.
Mettre en scène ce texte plein d’amour pour le genre humain, de tendresse, d’humour et d’ironie, d’autodérision, de résilience, avec Yohann, c’est, en quelque sorte, participer à la reconstruction générale. Plus rien n’est comme avant. La fin de l’innocence…
Antoine Leiris comme la devise de Paris, Fluctuat nec mergitur,
Et nous aussi.
Christian Bordeleau
J’ai la chance de faire partie de cette génération qui n’a jamais connu la guerre.
Les attentats du vendredi 13 Décembre 2015 furent un choc. Je n’ai perdu aucun proche, mais j’ai définitivement perdu une naïveté et une innocence que 70 ans de paix sur le continent européen avaient créées.
Paris, ma ville, n’était plus la même ; vidée, éteinte, froide, en deuil… L’après-choc fut long et difficile. Sortir de chez soi, le rapport à l’autre, les regards entre amis sont devenus plus intenses, plus sincères.
Le texte est brut, fluide, comme les jours qui passent. La souffrance est là, ni amplifiée ni diminuée.
Antoine Leiris exprime une force de vivre, une force de vie pour lui, pour son fils, pour eux. Ses mots portent au-delà de la mort.
Les dire, les jouer, c’est les porter au-delà du nécessaire devoir de mémoire.
Yohann Chopin