Je ne connaissais de Marilyn Monroe essentiellement que le personnage glamour, et je crois que ce personnage m’effrayait ; les photos d’elle vendues sur cartes postales la présentant le plus
souvent dans des poses extrêmement langoureuses me dérangeaient comme si je sentais paradoxalement dans ce corps et cette moue offerts à la sensualité une douleur, une tristesse, une grande
solitude. J’avais vu les Misfits et avais senti quelles étaient la puissance et la subtilité de son jeu mais je devais être encore trop jeune pour que cela m’imprègne davantage
que ces fameuses cartes postales.
En lisant Fragments j’ai alors eu l’impression de rencontrer une âme sœur. J’ai été saisie par cette rencontre soudainement intime et bienfaisante.
En février 2011, Bernard Comment me propose d’enregistrer pour l’émission qu’il réalise sur France Culture: Mosaïque Monroe un large choix de textes extraits de
Fragments. C’est à la suite de ce travail que me sont venues l’idée et l’envie d’adapter sur scène une sélection personnelle de Fragments. Dès lors il fallait
que j’entre en négociation avec Anna Strasberg pour obtenir l’autorisation. C’est ainsi que je me suis aperçue que personne au monde n’avait les droits de jouer une adaptation de ces textes sur
scène. J’ai évidemment cru que je ne l’obtiendrais pas, que le rêve était trop grand, mais puisque les droits étaient libres il fallait absolument tenter l’aventure. J’ai donc rédigé une lettre à
Mme Strasberg dans laquelle je lui ai fait part de ma passion pour ces textes mais aussi du fait que je n’étais pas une fan inconditionnelle de Marilyn, la star.
Après un voyage à New York pour aller à sa rencontre, Anna Strasberg m’accorde l’unique licence qui me permet de présenter aujourd’hui ces textes au public.
« Le jeu de Caroline Ducey est subtil, l’occasion d’une belle découverte.» Télérama TT
« Caroline Ducey donne à voir une Marilyn surprenante et touchante. » Le Journal du Dimanche
FESTIVAL d'AVIGNON 2019 / ATYPIK THÉÂTRE
Du 5 au 28 juillet à 19h35
Relâche les 9, 16 et 23 juillet
Texte: Marilyn Monroe
Traduction: Tiphaine Samoyault
Mise en scène : Caroline Ducey et David Lanzmann
Avec : Caroline Ducey (jeu), Fred Sachs (guitare), David Lanzmann ou
Vincent Théard (piano),
Lumière: Michel Gueldry
Costume: SK/Atelier
Production : Atypik production, Anna&Cie et Passage production
Diffusion: Passage production
Il s’agit de rendre hommage à l’auteur Marilyn Monroe. Mlle Monroe révèle dans ses écrits une personnalité plus complexe que celle que son image starifiée donnait à voir.
Afin de faire naître cet auteur, il m’est apparu que nous devions nous priver de références visuelles la concernant, pour libérer l’imaginaire du spectateur et lui donner le plein espace pour
rencontrer l’intimité du personnage. Il s’agit d’un voyage dans les états d’âme de l’actrice mais surtout d’une personne, une personne qui a changé de sphère sociale, a connu un destin
exceptionnel fait de misère et de joies, qui dans ses mots nous dit qu’elle est faite de la même matière humaine que nous tous. L’enjeu était d’essayer de faire advenir sur scène cette matière
qui nous constitue tous dans nos différences.
La présence de musiciens s’est imposée à moi dans ce désir de construire une matière à la fois charnelle et spirituelle. Je suis accompagnée de deux musiciens, un pianiste, David Lanzmann et un guitariste, Fred Sachs. L’accompagnement musical est pensé comme une bande originale de film noir, il vient colorer le texte et fait des transitions entre les différents tableaux. Nous sommes installés dans «une boîte noire». Marie Sohna Condé et David Lanzmann ont dirigés et mis en scène le spectacle. Le réalisateur Olivier Dahan, après avoir vu une première version du spectacle, nous a offert la chanson qui le clôt "Actrice", hommage à Marilyn dont il a composé la musique et le texte.
De l’ombre à la lumière, telle est la direction, pas de chronologie. Redonner vie à Marilyn Monroe : auteur d’elle-même par ses écrits. Elle a voulu échapper au personnage qu’elle a créé, mon but était de lui donner cet espace de liberté, en résonance si possible avec le parcours de tout un chacun : inventer sa vie.
Caroline Ducey
« Le manque d’amour solide et d’attention avec pour conséquence la méfiance et la peur du monde, je n’en ai rien retiré de bien, excepté ce que cela m’a appris des besoins essentiels des touts petits, des malades et des faibles. »
Marilyn Monroe